Sœur Esther Matchoing est correspondante à l’Antenne du Cameroun « Foi et Justice » ; elle nous partage la réflexion et le travail fait avec l’association, près des plus vulnérables, pour apporter des changements et des solutions durables aux maux qui minent la société.

METTRE FIN à L’ACCAPAREMENT des TERRES
Former et réformer pour protéger les droits de la terre

Au Cameroun, l’accaparement des terres est préoccupant. L’an dernier, par un acte administratif, les terres de 26 villages de la région du Sud ont été incorporées au domaine privé de l’État, puis cédées à deux grandes entreprises  sans respect de la réglementation et des droits des populations.

Le dernier rapport souligne le désarroi des agriculteurs, le rôle trouble de certains représentants de l’État dans la défense des intérêts privés au mépris des droits des populations et des risques socio-économiques que représente l’implantation d’une agro-industrie.

Publié :  AEFJN Cameroun, 29 Avril 2021 

Ils sont des centaines en Afrique subsaharienne à affirmer que leur terre n’est pas à vendre ou à réclamer une juste rétribution pour un espace dont ils ont été privé de force et cela au prix de leurs vies. C’est en s’unissant que les populations pourront protéger les terres agricoles et assurer la souveraineté alimentaire en Afrique. 2010-2020, dix années déjà que l’association Foi et Justice a été créée pour lutter contre les injustices au niveau social et économique. Dix années d’engagement pour s’adapter aux défis de son temps. Parmi ces défis, la lutte contre l’accaparement des terres a toujours été en bonne place, car dès sa création en tant qu’association, les responsables ont très vite réalisé les dangers cachés derrière une mauvaise gestion des terres ; et comment l’absence d’une démarche inclusive dans ce domaine entraînerait inéluctablement un désordre social sans précédent. La terre c’est la vie, elle est le socle de la sécurité alimentaire et de l’identité des populations.

Au terme de ces années d’accompagnement, « Foi et Justice » constate dans les villages une prise de conscience généralisée sur l’importance de la terre et sur la nécessité d’éviter les accaparements, par la mise en valeur et l’immatriculation. Suite à la mobilisation des 26 villages, les pouvoirs publics ont dû annuler le titre foncier litigieux sur lequel était basée la concession pour la réalisation du projet des 2 grandes entreprises. Mais le combat n’est pas terminé, les populations doivent s’organiser rapidement pour protéger leurs terres contre d’éventuels nouveaux « accapareurs ». Le manque de moyens techniques, matériels et financiers les limitent dans leurs ambitions.

Dès sa création,  se voulant être la voix des sans voix, « Foi et Justice » s’est engagée à défendre la cause des communautés victimes d’injustices de tous ordres. « La vie religieuse n’est pas uniquement dédiée aux œuvres de charité, mais elle est aussi une force de production et de protestation sociale qui s’inscrit dans la société du moment » (Sr. H. Danet).

Les crises sociales et politiques que traverse le Cameroun depuis plusieurs années font de plus en plus de victimes. Pour lutter contre les situations injustes. «  Foi et Justice » est à l’écoute, attentive à la vie pour apporter son aide aux populations en difficultés. Pour une Église au cœur des défis sociaux et environnementaux, les sujets de réflexion sont divers selon l’actualité du moment : la pandémie (Combattre la pandémie par l’action et dans la prière), l’écologie, la lutte contre la prolifération de faux médicaments sur les marchés, les difficultés d’accéder aux actes de naissance pour les enfants, les droits de chaque citoyen, l’accueil de l’étranger, la traite des êtres humains. … Pour en savoir plus, rendez-vous au prochain numéro « Eco News »

Les sœurs du Cameroun ont programmé de faire une relecture sur « Écologie –  Foi et Justice » lors de leur réunion du 18 août prochain. Pour réorganiser le pôle de la Province ecclésiastique de Garoua, une rencontre est prévue avec les responsables, du 15 au 18 octobre 2021.